Nieuport 16

Bonjour,

Voici le premier nieuport 16 (ou XVI) de Jean Navarre
(et un des premiers ni-16 tout court, ces messieurs les as étant toujours servis les premiers)
Il l'utilisa sur le front de Verdun en tandem avec le ni-11 n°576  présenté dans cette même galerie puis avec le ni-11 n°868







Xan

Il est superbe et le socle et la figurine complète bien la scénette.

Mon Nieuport 16 est celui de Special Hobby au 32ème. Maquette qui avait tout d'une grande si ce n'est des points d'injection mal placés et des ajustements approximatifs.
La déco est celle de Bert Hall de la N 124. Les différents dommages en combats ont fait de sa déco un patchwork intéressant.

Bert Hall hérissait le poil de ses compagnons d’escadrille, tant pour son langage populaire que pour les soupçons dus à son eternel  succès au poker. La tromperie de ses compagnons d’arme est une faute sérieuse, mais même dans un jeu propre (loyal, sans tricherie) l'expérience de Hall dans l’estimation du jeu d'un homme juste par l’examen de l’expression de son visage devait lui donner un avantage à une table de fils de millionnaires (fils à papa) relativement naïf.
Les autres ont aussi été choqué par le penchant de Hall à fabuler, à l'exception de l’expérimenté Lufbery, qui a une fois dit à Hall, j'aime les bonnes histoires, vraies ou pas et, avec une ironie désabusée notée dans le journal de Hall, je parierai que ce sera un morceau d’anthologie  des plus belles sornettes quand ce sera fini.



Suit un petit dialogue fictif qu'auraient pu avoir Lufbery et Hall au moment du départ de ce dernier de la N 124.

-«  Alors Bert, tu nous quittes demanda Raoul ?
-« Pfff… ricana Bert. Tu sais « Luf », des fois ta naïveté m’épate. J’en suis plutôt à penser qu’on m’a poussé dehors et du coup j’me barre sans regret.
Enfin pas tout à fait rajouta t’il, des gens comme toi je les regretterai. William aussi me manquera mais les autres… Pfff… z’ont jamais pu m’encaisser.
-«  Faut dire aussi que tu les as plumé au poker plus souvent qu’à ton tour sourit Raoul.
-«  M’ont accusé de tricher mais Raoul, tu sais très bien qu’on n’est pas entre dockers dans un sombre bouge d’un quartier mal famé. Avec ces « fils à papa », j’n’ai même pas besoin de tricher. J’ai juste à les regarder pour savoir ce qu’ils ont en pogne. M’ont même appris à jouer au bridge, tellement plus classe que le poker qu’ils disaient, mais là aussi j’arrivais pas à perdre.
-«  Allons Bert, tu es un peu atypique dans cette escadrille avoue le
-«  Autant que Toi « Luf ». Faut pas rêver. Mais toi t’es accepté. William ( William Thau ) aussi est atypique dans son genre. Son père a du fric, il a fait des grandes écoles comme les autres mais la comparaison s’arrête là. Il sait vivre. J’étais avec lui dans la légion et il n’a pas laissé sa part au chien. Il triche pas avec lui-même. Un gars entier qui en impose. Un vrai chef qu’on a envie de suivre jusqu’au bout.
-«  Quitte à faire des conneries… coupa Raoul... ton arrogance au début en racontant que tu savais déjà piloter a même failli te tuer.



-«  C’est vrai Raoul, ça c’était une grosse connerie mais je ne voulais pas quitter William. Pas envie d’être abandonné comme une vieille guenille inutile. J’avais aussi tellement besoin de m’sauver de l’infanterie et du froid et de la boue et du sang… P’t’être que j’ai pensé avec ma trouille. Oh z’ont vite vu que je n’avais jamais piloté.
-«  C’est ça ton problème Bert, t’affabules, t’exagères, tu cherres à l’excès. Je te l’ai déjà dit, quelles soient vraies ou pas, j’adore les bonnes histoires mais quand tu commences, on ne sait jamais si ton récit sera un nouveau morceau d’anthologie  à ranger dans les plus belles sornettes quand ce sera fini.



-«  C’est sur. J'ai mes défauts mais une chose est sur : Au combat, j’ai jamais triché.
-«  Ca, je te le concède Bert, au combat, t’es un lion. On peut compter sur toi et je suis content d’avoir pu voler en ta compagnie.



Même le critique le plus dur de Hall, l’historien de la N 124 Paul Rockwell, a admis qu'il a fait du bon travail pour l'unité, y compris la destruction d'un aéroplane photographique au N.E. de Douaumont le 28 août.

Et moi, j'aime bien cette personnalité atypique et controversée qu'était Bert Hall.

Un grand bravo pour cette mise en situation a travers ce texte  qui nous permet parfaitement de situer le personnage et la N-124...
Je peux ajouter une ombre au tableau du myhe de l'escadrille Lafayette.
Je suis très fan de Eugéne Boulard, premier pilote noir, américain et qui volait sous les couleurs française; il a été refusé dans l'escadrille Lafayette de par sa condition de noir evidemment...

La maquette est aussi très chouette et je m'en souviens parfaitement , ainsi que de la discussion que l'on avait eu au sujet des trois couleurs que tu as utilisé...
je pense que cela va être une parfaite excuse pour l'ouverture d'un poste sur le camos des nieuport en 1916...

Xan

Xan a écrit:...
Je peux ajouter une ombre au tableau du myhe de l'escadrille Lafayette.
Je suis très fan de Eugéne Boulard, premier pilote noir, américain et qui volait sous les couleurs française; il a été refusé dans l'escadrille Lafayette de par sa condition de noir evidemment...

La maquette est aussi très chouette et je m'en souviens parfaitemetn , ainsi que de la discussion que l'on avait eu au sujet des trois coulerus que tu as utilisé...
je pense que cela va être une parfaite excuse pour l'ouverture d'un poste sur le camos des nieuport en 1916...

Xan

Je ne suis pas un inconditionnel de la N 124 et il y aurait bien des points à relever et ce même après guerre mais j'aime beaucoup certaines personnalités de cette escadrille.
William Thau était en France avec son avion lors de la déclaration de guerre. Il offrit son appareil au gouvernement Français et s'engagea dans la légion et fût le premier Américain à voler en escadrille Française et fût à l'origine de la création du La Fayette. Le premier Américain à être promu au grade d'officier Français.
Et bien sur Raoul Lufbery. Né en France de mère Française et de père Américain. Il quitte l'école à 12 ans. Il part faire le tour du monde à 20 Ans. Il parle l'Anglais, le Français, l'Allemand et l'Arabe et dois surement se débrouiller en langue Hindou.
Il est aussi en France début 14 et va aussi s'engager dans la région avant de devenir mécano à la MS 23, puis pilote à la VB 106 avant de rejoindre la N 124. Il sera apprécié de tous par sa gentillesse, sa modestie, on aimera chez lui son amabilité, sa bienveillance, sa cordialité affable, son obligeance tranquille, comme on admirera sa fidélité, sa rigueur, son agilité et son adresse.
Oui surement une belle personne qu'on aimerait avoir comme ami.

Pour ce qui est de la discussion sur les Nieuport camouflés, je suis pour même s'il est difficile de bien interpréter les photos N&B et sachant aussi que le Français a ses règles et ses incontournables exceptions.

Je continue la série avec le dernier Nieuport de Jean Navarre, le n°1132, le seul dont on est sur qu'il fut rouge.
Navarre nous raconte lui-même les circonstances de l'accident:



Cette blessure auxquelles vinrent s'ajouter d'autres blessures comme la mort de son frère jumeau Pierre, marqua la fin de la carrière fulgurante d'un homme complètement ingérable, attachant autant qu’énervant...

voici la maquette de l'avion (Eduard 1/48)

Superbe.
Ces jeunes hommes lancés dans une telle tourmente... Comment leur en vouloir si parfois ils ont "pété un plomb"

Mon Nieuport 16 de Guiguet est terminé.

Joseph Guiguet

5 victoires sûres (dont 1 drachens), 7 victoires probables

Joseph, Henri Guiguet est né le 10 mars 1891 à Veyrins, (Isère). Son père est un menuisier de profession et, associé avec ses deux oncles, possède un atelier de menuiserie qui va se diversifier dans la mécanique à l’époque de la naissance de l’automobile. L’atelier paternel devient le terrain de jeu du jeune garçon qui se passionne de mécanique en y découvrant le premier moteur qui y est exposé. Dévorant les revues professionnelles, il se passionne aussi pour l’aviation naissante et assiste aux premiers meetings aériens. Devenu apprenti dans l’entreprise familiale, il doit accomplir ses obligations militaires au mois d’octobre 1912.

L’armée remarque ses compétences en mécanique et l’affecte au 1er régiment du génie à Reims, où il est orienté vers le service aéronautique pour servir en tant que mécanicien personnel d’un pilote. Il est toujours sous les drapeaux quand éclate la guerre, en poste à l’escadrille HF 1 à Nancy. Nommé caporal le 15 décembre 1914 et officiellement consacré comme observateur photographe, il va répondre à un appel à volontaires pour gagner les écoles d’aviation et partir pour l’école de Pau le 20 février 1915, le lendemain de sa nomination au grade de sergent. C’est là qu’il réalise ses premiers vols aux commandes d’un avion, sur un Blériot d’école. Il y rencontre deux élèves avec lesquels il va se lier d’amitié : le sergent René Dorme, et l’aspirant Jean Raty. Les trois amis passent leur brevet de pilote militaire ensemble et se retrouvent tous affectés fin mai 1915 à l’escadrille C 94 du Camp Retranché de Paris.

L’aviation allemande n’effectue que de très rares incursions sur la capitale et l’ennui gagne vite les pilotes, qui peuvent néanmoins parfaire leur entraînement lors de leurs patrouilles. Dorme souhaite en découdre et le 21 juillet 1915 va embaucher Guiguet pour un raid clandestin à bord d’un Caudron G.4 mené contre les lignes allemandes qu’ils bombardent de pavés ramassés sur un chantier parisien… Des jours monotones s’écoulent au Bourget, rythmés par de vaines alertes. Nommé au grade d’adjudant au mois d’août, en même temps que son ami Dorme, Guiguet prend ses habitudes avec ce dernier à la petite église du Bourget. Dorme, très pratiquant, va s’y recueillir avec ferveur. Guiguet, quant à lui, trouve par terre durant une cérémonie un chapelet qu’un participant à la cérémonie a laissé tomber. Il ramasse l’objet pour le rendre à son propriétaire, une demoiselle qui ne va pas tarder à devenir sa fiancée ! Le 2 mars 1916, il est muté avec Dorme à l’escadrille N 95 du CRP, toujours stationnée au Bourget, mais équipée de chasseurs Nieuport 11 dont il va s’initier au pilotage. Il sera le pilote sélectionné pour tester une nouvelle arme, les fusées Le Prieur, fixées sur les mats du chasseur et destinées à enflammer des ballons captifs ennemis, les Drachen. Guiguet effectue un essai réussi grandeur nature sur le terrain du Bourget le 4 mai 1916, en présence du Président de la République qui le félicite au terme du vol. Il va être détaché sur le front pour le premier emploi opérationnel de l’arme, réalisé avec plusieurs autres pilotes le 22 mai 1916 dans la région de Verdun, et va effectivement abattre un Drachen ennemi qui constitue sa première victoire homologuée.

Il est ensuite muté à l’escadrille N 3 le 16 juin 1916, l’escadrille d’élite de la chasse française, où il retrouve son ami Dorme. Il n’y fera qu’un court séjour : jugé à juste titre comme un spécialiste de l’attaque au Drachen, il est cantonné sur ce type d’objectif qui reste très dangereux car fortement défendu par la DCA. C’est précisément la DCA qui touche son appareil le 1er juillet 1916 et le blesse grièvement. Posé dans les lignes françaises, il est quitte pour plusieurs semaines d’hôpital.

Il est de retour à la N 3 qui stationne dans la Somme le 14 novembre 1916 après une longue convalescence et rééducation et va remporter deux victoires aériennes confirmées les 15 et 20 décembre 1916, mais une pneumonie l’oblige à interrompre ses vols du 16 janvier 1917. De retour à la N 3 le 1er mars 1917 alors que celle-ci stationne en Lorraine, il suit son unité sur le terrain de Bonnemaison le 31 mars pour y couvrir l’attaque du Chemin des Dames et va remporter sa 4e victoire homologuée le 5 mai 1917, ainsi que plusieurs autres qui ne lui seront pas confirmées. Il est de nouveau touché par la DCA le 23 mai 1917 et s’écrase dans les lignes françaises où il est très grièvement blessé.

Soigné chez lui en Isère, il s’y marie avec sa fiancée, et, promu sous-lieutenant, ne reprend le chemin du front que le 19 août 1918 pour être affecté à l’escadrille SPA 167, une nouvelle unité dirigée par l’as Bernard Barny de Romatet avec lequel il va remporter sa 5e et dernière victoire homologuée le 24 octobre 1918.

Victime de la grippe espagnole le mois suivant, il doit être de nouveau hospitalisé et sera officiellement démobilisé le 8 octobre 1919 pour s’installer dans l’Isère. Resté officier de réserve, et effectuer à ce titre deux périodes d’entrainement volontaire au Bourget où il loge chez sa belle-famille et y retrouve des souvenirs d’autrefois. Toutefois, son état de santé du fait de ses nombreuses blessures (bras, jambe, mâchoires et poumons) va conduire en 1924 à sa réforme définitive avec pension d’invalidité de 80%. Toujours passionné de mécanique, il va construire sa propre automobile mais du point de vue professionnel va travailler dans l’affaire de son père qui a supervisé la construction d’une soierie et d’une laiterie. Joseph Guiguet en dessine personnellement les plans, ce qui lui permettra plus tard, en faisant valider ses réalisations auprès de l’ordre des architectes, d’exercer cette profession dans ce département jusqu’à sa retraite. N’ayant pas participé à la seconde guerre mondiale en raison de son état de santé, il s’éteint le 28 octobre 1979 dans sa région natale, sur la commune de Corbelin.



Voici les photos..

Avec les 976, 978 et 2 déco du 939..
Ils ont été pilotés par Guiguet et Dormes.